La Time Megève Mont Blanc, ça fait très longtemps que j’en entends parler dans le milieu du cyclo sport. Elle m’a souvent interpellé et signifiait pour moi un défi au même titre que la Marmotte ou les 21 virages de l’Alpe d’huez ou l’ascension du Ventoux !
Avec ma chérie nous avons choisi de partir une semaine à la montagne en ce mois de juin 2017 et nous allons camper à Doussard au sud du lac d’Annecy. C’est moche mais c’est la même semaine qu’une cyclo de renom et à moins d’une heure de route : inscription obligatoire pour cette nouvelle épreuve cyclo sport de montagne : la Time 2017 !
Quatre parcours sont proposés, je me contenterai du parcours medio qui fait 117 kms et 3200 m de dénivelé, laissant le grand parcours à l’élite du cyclo sport (je ne voudrais pas leur faire de l’ombre lol). Le grand parcours lui fait 143 kms et près de 4000 m de D+ …
Le parcours medio fundo est déjà bien costaud, plus de 3000 mètres de dénivelé positif : 3 cols dont le col du Pré, qui culmine à un peu plus de 1700 m d’altitude vont faire mal !
Trois cols sont au programme du parcours, je n’en connais aucun (…) hormis la descente finale du col des saisies que j’avais fait dans l’autre sens l’année dernière au départ de Flumet. Je l’avais monté quelques jours après mon étape du Tour 2016 et était redescendu par le même coté. Le départ de Mégève puis le retour ne me sont pas inconnus non plus puisqu’ils sont eux aussi en commun avec l’Etape 2016 qui était parti de Megève, nous étions allés chercher le pied des Aravis à Flumet !
Le col du Pré classé Hors Catégorie sur Strava : 12 kms à 7,9 % de moyenne et des passages à plus 11 %, la première partie est redoutable avec près de 6 kms à 10% de moyenne…
Nous sommes un peu en avance le samedi après midi pour récupérer notre Bungalow et nous décidons de pousser jusqu’à Megève directement pour récupérer mon dossard et prendre la température de la cyclo du lendemain au village départ !
Les dossards sont remis au palais des sports de Megève et je récupère égalament le maillot Time offert par l’organisation.
Nous faisons un petit tour dans les quelques stands du village départ et admirons quelques beaux vélos : je kiffe les vélos roses lol !
Ma chérie décide de mettre la main au porte monnaie pour ma fête des pères et cela se solde par un nouvel ensemble cuissard maillot “Galibier” du plus bel effet !
Ayant pitié de la carte bleue, nous fuyons et allons prendre les clés du bengalow à Doussard …
Pâtes fraîches et gâteau sport pour le repas du soir, lever à 05h00 pour le petit déjeuner du champion encore au gâteau sport maison à l’abricot et nous mettons les voiles vers Megève à 06h45 !
Des orages et des pluies terribles nous sont tombés dessus dans la nuit, partout sur la route la chaussée est détrempée, stigmates des intempéries de la nuit …
Les nuages s’accrochent partout aux sommets autour de nous mais il ne pleut plus, c’est déjà ça !
Nous nous installons sur le parking jouxtant le palais des sports et des participants s’affairent un peu partout sur des vélos, ou vont chercher des dossards pour les retardataires. Le température est fraîche, il ne pleut pas et j’hésite sur le choix pour le haut de ma tenue : manches longues ou courtes ? Ma coach (blonde lol) est d’un grand secours encore une fois et me conseille le court : mieux vaut un peu froid que trop chaud. Elle me connait bien … A 15 ° en ascension de col pour un flamand c’est un peu la canicule déjà !!!
J’opte donc pour les manches courtes, maillot chaud sous le maillot de vélo, coupe vent léger sans manches mais je garde la polaire pour rester au chaud jusqu’au départ.
Sur la ligne, 3 mn avant le départ je me débarrasse de ma polaire et la laisse au coach (…)
Je suis plus habitué à la fraîcheur et la pluie qu’à la chaleur dans mes Flandre natales, alors 13 ° et un peu de pluie ne me font pas peur ! Le coupe vent léger, à peine 90 grammes pourra disparaître dans une poche rapidement si besoin …
L’organisation a quelques minutes de retard, le grand parcours part 5 mn avant nous, les dossards prioritaires (l’élite) partant devant les “poireaux” de ce parcours vers 08h40 au lieu de 08h30 prévu initialement. Quelques célébrités sont là, d’anciens pros ou sportifs de renom. J’entends au micro notamment que nous avons droit à un ancien champion du monde de cyclo cross junior, des avions quoi !
J’apprends par le speaker que le départ est neutralisé jusqu’à Flumet, les 10 premiers kms, inutile donc de partir comme des dingues. C’est une bonne chose, la route est mauvaise avec des nids de poule et en faux plat descendant, c’est mieux ainsi et nous aurons le temps de nous chauffer les muscles tranquillement.
On nous annonce également qu’une descente dangereuse est neutralisée sur une portion de 8 kms qui ne sera elle pas chronométrée. Encore un très bon point sécurité de l’organisation …
Bon … Le premier SAS est parti, à nous ! Ma chérie est partie au premier rond point faire des photos mais tout occupé à regarder ou je met mes roues dans la cohue du départ je ne la vois pas.
Je m’efforce de rester aux alentours de la 50 eme position de ce paquet, il y a quelques dizaines de coureurs devant moi tout au plus, je ne vais pas me mêler aux jeunots qui m’ont l’air tout énervés et je me réchauffe tout doucement. Enfin, si on veut parce qu’à l’approche de Flumet, Bim, la pluie nous tombe dessus, fine et désagréable, tant en direct sur le dos que par les projections des roues précédentes …
Au moins ce n’est pas le déluge de cette nuit !
Un virage à gauche et c’est parti, le vrai départ est donné et nous attaquons direct la montée vers Notre Dame de Bellecombe.
Ça accélère de partout.
Je ne connais rien du parcours et choisi d’en garder pour le dernier col quoi qu’il arrive. De toute façon, le cardio ne semble pas vouloir monter bien haut, je reste plutôt aux alentours de 160 pulsations en moyenne.
Ça monte et ça descend en permanence en tous cas. Je suis incapable de dire si nous sommes ensuite dans le début du col de la Forclaz ou dans une autre côte avant celui ci. Le touriste quoi …
Le cardio ne monte toujours pas et j’ai les cuisses un peu douloureuses, du coup je choisi de lever un peu le pied dans la Forclaz sachant que ce n’est que le premier col. Tant pis pour le classement je me dis à ce moment, je sais que je peux monter plus vite un col mais là il y en a trois que je ne connais pas du tout, je fais le choix de la prudence…
Depuis le départ je ne me sens pas super de toute façon, j’ai bien mis une heure à faire chauffer le moteur. Peut être le trajet dans la nuit de vendredi samedi, le froid et les calories brûlées pour se réchauffer, que sais-je encore…
J’ai toujours assez peu l’habitude de ces efforts répétés en course sur les cols, et je “n’ose” pas encore me livrer à fond dans les premiers cols de peur de prendre cher sur la suite du parcours …
Malgré tout, je franchis le final du col de la Forclaz et ses 11 % de moyenne sur 2,3 kms en un peu plus de 11 mn à 12 km/h de moyenne :
Une portion de descente est bien neutralisée comme annoncée. La route est étroite et en mauvaise état. Sur la droite un petit parapet et un ravin en contre bas, c’est vrai que descendre ici à tombeau ouvert aurait été dangereux !
Honnêtement question sécurité rien à dire : tout est fait pour nous prévenir des dangers éventuels. Des panneaux descente dangereuse, des motards qui s’arrêtent et nous préviennent, des volontaires aux endroits stratégiques. Dire que la sécurité n’était pas la priorité de l’organisation serait mentir. En suivant les consignes et étant prudent, on ne pouvait pas se faire surprendre … Bravo aux organisateurs là dessus !
Je fais cette descente avec un groupe d’une dizaine de coureurs mais nous faisons quand même doubler par deux barjots qui en plus nous balancent des noms d’oiseaux en nous doublant dangereusement à une allure de dingues ! Deux inconscients sur la descente neutra …
Nous nous arrêtons tous au premier ravito quasiment de concert, je prend un peu de coca et de l’eau, un bout de banane et un morceau de barre de céréales et repars rapidement.
J’accroche un nouveau groupe pour rester à l’abri sur une des rares portions de plat, cela ne sert à rien de s’épuiser seul sur le plat … Je lève la tête et attention, une porsche (je crois) semble avoir accroché un coureur, probablement en voulant doubler un paquet : il y a un gars au sol qui se tient l’épaule devant la voiture en warning et un petit attroupement autour de lui. Coureurs et spectateurs qui viennent lui porter assistance. Les secours ne sont pas encore là, cela vient probablement de se produire, il y a déjà du monde, nous continuons notre route.
Le col du pré, classé hors catégorie, était annoncé comme redoutable. Je ne me souvenais plus vraiment pourquoi : maintenant je sais ! Ses premiers kilomètres sont raides, mais alors d’une force … vraiment forte !!!
Je gère comme je peux ces rampes à 13 – 14 % en évitant de trop forcer sinon gare aux crampes :
J’ai l’impression d’être collé à la route et j’ai beau vérifier, je suis bien tout à gauche déjà : 34 x 28 et je suis à peine par moment à 60 tours de pédales par minute… Soit je suis éteins, soit c’est vraiment raide ici !
La majorité de la montée se fait dans la purée de pois, on y voit rien à 100 m, la route est étroite. On ne distingue ni la vallée, ni le lacet du dessous, ni le sommet, rien …
Je devine malgré la fin de la montée et nous arrivons effectivement le long du lac de Roselend.
Malgré le mauvais temps, la vue est un peu meilleure et c’est vrai que le point de vue est magnifique comme annoncé par l’organisation. Malgré la course, je jette un oeil sur le coté avant d’aborder le barrage que nous traversons.
Il s’avère après vérification des segments sur Strava que la première partie du col du Pré est sévère : des passages terriblement pentus qui n’en finissent pas. Ça me rappelle un peu le Ventoux par Bédouin ! Si j’avais eu un 30 dents à l’arrière, je crois qu’il serait passé crème à ce moment là pour bien mouliner …
La bascule dans la descente du col du Pré est juste horrible : petites routes et que des gravillons. Pas du gravillon par ci par là : non une couche épaisse de gravillons partout, on dirait que la route viens d’en être recouverte récemment, une patinoire ! La descente était signalée dès son début comme dangereuse, je comprends pourquoi … Elle se fait au ralenti pour ma part, aucune envie de partir en vrac dans les graviers !
Je suis soulagé d’arriver en bas sain et sauf dans ces conditions.
Pas grand monde ne m’a doublé d’ailleurs malgré ma faible vitesse, signe que tout le monde s’accrochait à ses freins dans cette descente…
Au deuxième ravito je m’arrête faire le plein de mes bidons, malgré la température fraîche je prends toujours soin de bien m’hydrater pour éviter les crampes. Je demande un bidon d’eau et un autre de boisson énergétique aux bénévoles qui nous servent bien gentiment. Je prends encore un morceau de banane mais j’évite le saucisson et le fromage même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque lol.
Je repars sans m’attarder et me lance seul pour la fin du parcours, je retrouve quelques gars rapidement. Je me sens mieux en arrivant dans les contre fort du dernier col : les saisies.
Le parcours “rouge” des 140 part sur la gauche et nous sur la droite. Alors que je me demande combien il reste de kms jusqu’au sommet des saisies un volontaire m’annonce 7 bornes pour le sommet, et effectivement je vois la borne des 7 kms sur le bas coté quelques encablures plus loin.
Le coeur ne monte toujours pas beaucoup dans les tours par contre mon alimentation régulière depuis le départ, les pates de fruits et les gels énergétiques m’ont fait du bien. J’avais à peu près en tête les difficultés à venir au fil du parcours et j’anticipais chaque fois par une barre ou un gel à mi pente du sommet.
Je suis à plusieurs kilomètres encore du haut des saisies et mes jambes tournent de mieux en mieux. Je reprend peu à peu plusieurs coureurs que j’avais laissé partir dans le col précédent ou les descentes dangereuses, j’en reconnais plusieurs. Ils ont tous l’air éteins.
A ce stade du parcours, aucun ne parviens à s’accrocher à ma roue, quelques parcours rando et quelques 117 kms pourtant mais ils ont l’air d’en baver !
A deux kilomètres du sommet à peine, je suis repris par un coureur du grand parcours en tenue noire et jaune. Il m’encourage au passage, je n’ai pas percuté sur le coup mais je me demande si ce n’était pas Nicolas Roux le futur vainqueur qui m’a repris après la boucle supplémentaire à faire pour le grand parcours. Et au regard de son allure et son état d’esprit. Je ne sais pas si c’était lui ou pas mais c’est un sacré bonhomme sur le vélo et en dehors du vélo il parait. Je le perds rapidement de vue …
Le sommet est en vue à proximité des télésièges, je reconnais la route empruntée l’année dernière. Dernier ravito en haut des saisies, je suis bien, bidons pas vides et encore un gel en poche : je fonce vers la descente sans m’arrêter cette fois. Il reste 20 kms de course dont 10 de descente : ALLEZ Séb arrache toi !!!
La route est large, en bon état, bien sèche cette fois, de grands virages et mes jambes tournent bien. Peu avant la fin de la descente je reviens sur 3 gars dont celui en queue de ce groupe qui a le mollet gauche abîmé, un peu de sang et des pansements. Je lui demande s’il est tombé et si tout va bien malgré tout. Il me confirme sa chute et qu’il est content d’en finir (j’apprendrais son prénom par la suite, Laurent) …
Il reste un bon kilomètre de descente et je reste avec eux pour attaquer le long faux plat de 10 kms vers Megève et l’arrivée.
A peine franchi le carrefour signalant la fin de la descente, pas un mètre de plat et ça remonte vers Megève : tout juste 100 m faits et les crampes sont là ! Je regarde Laurent et lui dit que j’ai des crampes direct, il me répond que lui aussi.
Nous moulinons autant que possible assis sur le petit plateau pour essayer de les faire passer tandis que les deux autres filent sur le grand plateau (…). Je m’accroche dans sa roue en serrant les dents pendant quelques centaines de mètres. La séance de vélocité m’a fait du bien, je repasse sur le grand plateau dans une portion plus roulante en arrivant sur Praz sur Arly. Nous revenons sur les deux autres, Laurent prend un bon relais qui me fait un bien fou. Je m’abrite derrière lui et redescend direct dans les tours. Je suis habitué à rouler fort sur le plat contre le vent : ça je sais faire dans les Flandres !
A 3 kms de Megève je repasse devant et me fais mal, mains aux cocottes, il n’y a plus que Laurent dans ma roue. Je m’attends à le voir repasser et … il n’est plus là ! Reste 2 kms, allez je baisse la tête et finis en rouleur les cuisses qui brûlent mais plus de crampes…
Dernier rond point, l’arche d’arrivée est sur la gauche à 200 m, voilà, j’entends le speaker, je dévie sur la droite entre les barrières et m’arrête. Voilà, c’est fait ! La Time et son parcours Medio de 117 bornes !
Notez bien le mollet sculpté lol lors de cette arrivée (…)
J’arrête mon compteur et Laurent arrive lui aussi à coté de moi en me tendant une joyeuse poignée de main. Alors que je m’apprêtais à le remercier pour ses relais, c’est lui qui le fait pour les miens ! Il était cuit et n’a pas réussi à rester dans ma roue les 3 derniers kilomètres. Nous échangeons quelques mots heureux d’avoir partagé ensemble la fin de cette belle cyclo et je vois Séverine de l’autre coté de la route qui arrive vers nous …
Je la rejoins, elle m’a vu arriver et m’a pris en photo sur la ligne. Elle m’apprend que c’est Nicolas Roux qui gagne et qu’il a plu quasi non stop ici jusqu’à 13h !
Je pars me changer à la voiture avant de profiter de la pasta party au palais des sports. J’ai pas beaucoup d’appétit après un effort pareil mais c’est important pour la récupération de recharger de suite dans l’heure qui suit la fin de l’effort…
Le plateau est sympa : crudités, pâtes sauce bologno-épicée, fromage et un moelleux au chocolat !
Pendant que je faisais la queue pour récupérer mon plateau, Séverine est allée un peu plus loin et reviens avec mon diplôme ! Elle m’annonce que je suis 88 eme au scratch et 24 eme de la catégorie E au classement provisoire !
J’obtiens le brevet OR au vu de mon temps, je suis très content !!!
Au final, une fois le classement affiché, je suis 86eme au scratch …
Sur le grand parcours, c’est encore Nicolas Roux qui s’impose. Il termine en solitaire le parcours de 143 kms et 4000 m de D+, après avoir déposé son ultime compagnon d’échappé… Chapeau bas Nicolas, sacré niveau et cela fait longtemps que ça dure !
Pendant la course, je me suis encore dit dans un passage difficile du Col du Pré, après l’EDT j’arrête ! Quel sport à la con, j’en bave à chaque fois et à chaque fois je remet ça ! Mais pourquoi tu fais ça ??? !!!
Euh …. je ne sais pas, mais j’ai qu’une envie là maintenant tout de suite, c’est recommencer !
Mon classement définitif publié en ligne (je gagne encore une place… ) : 23 eme catégorie des 40-49 ans sur 119 classés et 85 eme au scratch sur 380 participants du parcours 117 kms.
Je finis ce parcours Medio en 5h10, chronométrage officiel 4h32 (départ fictif et descente dangereuse neutra)
https://www.strava.com/activities/1020691847/segments/25063414122
A+ et gaffe aux voitures sur la route les amis !
Séb
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