Sep 11

Ma nouvelle vie à vélo, Méli 1 / Alpe d’Huez 0, récit par Méli

J’ai croisé Méli au printemps sur Facebook et jour après jour j’étais surpris par sa détermination, jusqu’au jour ou j’ai failli tomber de ma chaise en voyant sur FB ses photos au sommet des 21 virages mythiques de l’Alpe d’Huez qu’elle venait de gravir.

 

Je connaissais un peu son histoire pour en avoir parlé avec Méli et elle a accepté de la raconter sur Dinguedevélo, je crois qu’elle a bien sa place parmi nous autres fada. Je n’ai absolument pas retouché son histoire, enjoy ….

 

Dans nos vies, il y a des jours qui sont différents des autres. Des jours où la personne qu’on était la veille n’est plus là. Des jours de déclic! Pour moi c’était en Janvier 2016, le 22. Pourquoi ce jour-là? Je ne sais pas. C’était une évidence.

J’ai toujours eu un esprit de sportive, j’aime le sport. Par-dessus tout, j’aime le vélo. Le Tour de France, je le regarde depuis que je suis toute petite, et ce tous les ans. J’ai toujours voulu faire la même chose. Rouler des heures, gravir des cols de légende – l’Alpe d’Huez- , sentir le vent sur ma peau et voyager au grè des routes et des paysages. Seulement voilà, tout ça c’était surtout dans ma tête. Avec un poids flirtant avec les 115 kg, et bien… Pas facile de vivre cette vie là.

J'aime le vélo, les coureurs pros et j'ai mes lectures !

J’aime le vélo, les coureurs pros et j’ai mes lectures !

 

En me réveillant le matin du 22 Janvier 2016, tout était clair dans mon esprit! Stop à la souffrance, Stop au mal-être, Stop aux rêves inaccessibles! Arrête de rêver ta vie et commence à vivre tes rêves! Voilà comment tout a commencé! Première étape: perdre du poids.

 

De fin janvier à Avril environ, j’ai suivi le régime cétogène. Très difficile mais terriblement efficace. Moins 20 kgs environ sur cette période de l’année.

 

En guise de sport, marche quotidienne, 1h minimum. J’étais très contente de moi, j’avais déjà réussi quelque chose de bien. J’étais plus à l’aise et plus sûre de moi. Mais et le vélo alors? Et bien justement je me disais qu’il serait intéressant de le ressortir.

Avril! Sortie de mon tout premier vélo de route. Un décathlon Triban 3 rouge, triple plateau, 10kg et franchement trop petit pour moi …. Mais c’était mon premier, et je n’y connaissais rien du tout à ce moment-là. Ma première sortie fut, comment dire, dure, très dure!!! Je crois qu’elle devait faire à peine 10 kms. Sur le retour il y avait 2 grosses montées. Enfin grosses… je m’entends, pour mon tout petit niveau bien sûr. J’ai dû mettre environ 50 minutes.

 

Mais j’étais contente quand même. Bon en revenant à la maison j’étais toute rouge et franchement bien essoufflée mais c’est comme ça qu’on se fabrique, non? Ce qui est assez formidable avec le vélo, c’est que plus on en fait et plus on progresse. Du coup au bout de 2 semaines, à raison de 3 sorties par semaine, j’ai pu réaliser la boucle complète depuis chez moi pour descendre jusqu’à la ville la plus proche puis remonter. Mon tour test. 17kms pour à peine plus de 200m de D+, mais ça je ne le savais pas encore. 1er essai: 1h30. C’était drolement dur! Plus que je ne le pensais! Ca semble si facile lorsqu’on voit les autres ou les pros !! Mais pouah! Ca pique quand même… Bon on ne se décourage surtout pas! Ca va s’améliorer! Rester concentré sur l’objectif! C’est primordial! Objectif fixé pour moi: Monter l’Alpe d’Huez! C’est annoncé et j’y arriverai coûte que coûte! Têtue? Non pas du tout enfin!

Sur mon Btwin rouge, trop petit ...

Sur mon Btwin rouge, trop petit …

Au fil des jours, je sentais ma condition physique mais aussi mentale s’améliorer. Mon maximum atteint une fois, et seule fois de cette année là d’ailleurs, 60 kms. J’étais vraiment fière de moi déjà. Et mon tour test? Et bien passer de 1h30 à 57 minutes, j’étais ravie de ma progression! Il fallait poursuivre! Et disons que je me suis beaucoup investie dans cette évolution, Dans ma vie! J’ai continué comme ça jusqu’en Juin. Et là… Ma première grosse défaillance! En effectuant un entrainement un peu plus long que d’habitude, environ 50 kms, et tout en continuant le régime cétogène, j’ai connu ma première hypoglycémie sévère! J’ai eu très peur. J’ai donc arrêté le cétogène pendant l’été. Ma première désillusion.

J’ai fait un break pendant les deux mois d’été. Mentalement quelque chose avait changé avec cette mésaventure. Je ne voulais pas me tuer pour changer. Cette petite pause m’a finalement fait beaucoup de bien.

Septembre 2016, reprise de l’entrainement… Enfin reprise, disons que ce serait bien. Les sorties sont courtes et j’ai des difficultés à rester concentré sur ce que je dois faire. Je crois avoir perdu en plaisir. Les sorties sont laborieuses. Puis en octobre, après une énième crevaison, et avoir souffert du froid, je raccroche le vélo pour l’année.

 

Tout en continuant ma perte de poids, les mois défilent. En février 2017, je me dis qu’il serait plutôt bien que je reprenne le sport. Je m’incris à la salle près de chez moi. J’y vais 3 à 4 fois par semaine. 2 cours de Bike pour me remettre en jambes, et 2 cours collectifs de renforcement musculaire. Cette nouvelle année commence bien. La motivation est revenue et j’ai très envie d’atteindre mon objectif: l’Alpe d’Huez cette saison!

Avril 2017. C’est le moment. Je me lance! Je veux un nouveau vélo. Un vélo cool et qui me plaît vraiment, un de ceux qui donne envie de sortir, de rouler, de danser et de prendre un plaisir monstrueux! Ceux qui ont vécu ceci savent bien de quoi je parle. Et pour les autres je vous le souhaite vivement. Après avoir bien étudié la question du choix des différents composants, l’analyse objective et la plus réaliste possible de mes capacités et de mes envies, je choisis enfin mon vélo de route. Il s’agit d’un Origine Axxome 350 équipé shimano Ultégra, cadre en carbonne. Poids annoncé sur le site: 7,2 kgs. Je n’ai pas pris la peine de vérifier lors de la réception. Mais c’est un détail pour moi. Après tout juste 3 semaines d’attente, le voilà enfin! Reçu le 25 Mars 2017.

Enfin reçu mon Origine flambant neuf !

Enfin reçu mon Origine flambant neuf !

 

Bien sûr première sortie avec dans l’après-midi. Un tour d’environ 50 kms dans ma région préférée, celle des lacs. Et quelle sortie!! l faisait gris et froid ce jour-là, mais c’était magique. J’avais l’impression de voler, et j’ai avalé les kms sans m’en rendre compte! Je me suis toujours demandé pourquoi on pouvait dire que son vélo pouvait nous ramener à la maison, ce jour j’ai compris. On ne se bat pas avec, tout est fluide et facile, chaque coup de pédale nous restitue l’énergie pour avancer et c’est une sensention grisante et nouvelle pour moi. Mon petit vélo rouge n’était absolument pas comme ça. Je suis déjà amoureuse de mon nouveau vélo.

 

J’enchaîne les entraînements en endurance surtout au début. Le but: accumuler les bornes et apprivoiser la machine et moi-même. Apprendre à connaitre son rythme, sa technique, ses sensations et ses limites aussi.

 

Tout se déroule bien. Certaines sorties sont plus difficiles que d’autres bien sûr. Découverte de STRAVA, et on sait que : No Strava No Ride!! Donc c’est parti pour les chronos contre soi-même au début, et petit à petit on se prend au jeu des KOM ou QOM. Je sens que j’ai quand même du potentiel. Je veux me dépasser et m’améliorer. Je pars à la chasse aux meilleurs temps sur certaines sorties. Je m’en sors plutôt bien, je suis fière de ma progression. Et toujours autant de mon vélo 🙂

Sortie endurance sur Strava - No strava No ride

Sortie endurance sur Strava – No strava No ride !

 

05/05/2017: Une date qui marque une nouvelle étape! En effet, après déjà 2 tentatives, voilà je réussis enfin à atteindre les 100 kms sur une sortie! Mes premiers! Je suis aux anges.

 

Un très joli tour dans le Haut-Jura et le Haut-Doubs. Une magnifique journée de cyclisme. Beau temps, vent leger, paysages sublimes. La journée parfaite!  J’ai beaucoup de soutien autour de moi, ma maman, mon frère, mes amis et collègues, mes amis cyclistes des réseaux sociaux. Et toute cette bienveillance et effervescence autour de moi me donnent un punch d’enfer!

Une pêche d'enfer sur le vélo !!!

Une pêche d’enfer sur le vélo !!!

15/05/2017: Après être rentrée du boulot à 14h, Giro oblige, petite aprem’ canapé. Etape de montagne au programme. 17h: VICTOIRE au sommet de Thibaut Pinot! Waouh! Je suis surexitée!

 

Dans les 10 minutes je m’habille et je monte sur le vélo pour faire une petite sortie d’une quarantaine de kms. A 3 kms de chez moi, dans la première descente, entre excitation, vitesse et manque de lucidité évident, arrivée en bas, la trajectoire n’est pas bonne du tout, ça ne passera pas là…

Bon je freine un peu fort, bloque la roue arrière qui décroche… Ouh la… Vite rattrape-toi!

Ouf ça marche, mais je vais toujours aussi vite et j’ai encore dévié… Freine encore ça passe pas!!!! De nouveau roue arrière bloquée… Je rattrape de nouveau le coup mais là, il n’y plus de distance pour se remettre comme il faut… Que faire? Se laisser tomber sur la route? A cette vitesse… Non pas envie! Se prendre le petit rebord le long de la route…  et risquer de fracasser mon beau vélo, ma tête et de me faire bien mal… Non je veux pas non plus.

Bon plus qu’une seule option alors… Mode 4×4 activé! Respire un grand coup ça va aller! Je ressens de grandes secousses dans mes bras en entrant dans le champs à près de 55km/h!

 

Puis black out total de quelques secondes. J’aperçois mon vélo, je me demande si je suis toujours dessus et dans quel sens on est… Je crois voir le ciel mais je ne suis pas sûre. Et dans un fracas douloureux je m’écrase par terre sur le côté gauche. J’entends mon vélo tomber à côté de moi! Panique! Bordel, j’espère qu’il n’est pas cassé!

 

J’essaie de me relever aussi sec, mais vive douleur dans le dos! Arf, je serre les dents et je me lève pour ramasser mon précieux! Il semble indemne. Je ramasse mes lunettes dans l’herbe, ainsi qu’un bidon. Je remonte sur la route difficilement. J’ai fait presque 25 mètres avant de me crasher. Je me rends compte vite qu’il me manque un bidon. Je le cherche de longues minutes avant de le trouver. Mon casque ballote sur ma tête mais je n’y prête pas vraiment attention, je suis sonnée. Je remonte sur mon vélo et je continue quelques centaines de mètres avant de m’arrêter parce que mon casque me gêne vraiment. Je l’enlève et je reclipse les lanières qui s’étaient décrochées avec le choc. Lorsque je pédale j’ai un peu mal sur la hanche gauche, je regarde un petit coup. Mon maillot est troué et j’ai des marques superficielles.

Ouh je suis ? Coude entier ou pas ?

Ou je suis ? Coude entier ou pas ?

 

Bon, ça va en fait! Je continue ma balade normalement. Au bout de 25 kms, je m’arrête pour prendre des photos du paysage et d’un seul coup je réalise. Je viens de vivre ma première grosse chute! Et j’ai peur. Je regarde ma blessure de nouveau. Ca semble superficiel. Ouf. Aller il faut terminer le tour quand même.  44 kms, je rentre. Je signale à ma maman que je suis tombée. On nettoie la blessure. Et après, stupeur! Je vois que mon casque est cassé. Il est fendu sur la partie arrière gauche. Oulala, c’était un sacré impact! Je dors mal cette nuit-là.

Bien abimée quand même - sale nuit à venir ...

Bien abîmée quand même – sale nuit à venir …

 

Des angoisses faisant suite à la chute me prennent. Je n’arrive pas à bouger ma jambe gauche, ça me fait un mal de chien! 5h le réveil sonne! Je travaille à 6h30, j’espère que ça va aller! Je demande à une de mes collègues de me faire un pansement.

Ma blessure coule un peu, mais surtout je boite et je chope des suées lorsque je marche. C’est terriblement long. 11h, le médecin du service m’ausculte, elle suspecte une fracture du sacrum ou de la branche du bassin.

 

Radios dans la foulée. Rien de cassé heureusement, juste de grosses contusions. Je me sens soulagée. Après le travail je passe chez le vélociste pour me prendre un nouveau casque. En arrivant à la maison je me demande si je dois aller rouler. J’ai encore mal mais surtout j’imagine que c’est comme pour le cheval, lorsqu’on tombe il faut se remettre en selle tout de suite. Du coup je décide d’aller faire un tour et de refaire la descente de la veille évidemment. Conclusion, bonne sortie, bonnes sensations et pas de peur lors des descentes. Tant mieux.

 

17/05/2017: C’est ma sortie endurance. J’ai prévu une sortie de 115 kms en deux boucles.

La petite possède une belle montée avec des pourcentages qui m’inquiètent un peu, puis on enchaîne sur la plus longue qui est plus roulante. En partant, les sensations ne sont pas au rendez-vous. Je suis fatiguée et je pense que je ne me suis pas complétement remise de ma chute du lundi. Je décide pourtant de persévérer. Chaque coup de pédale est un supplice. Je souffre, je n’ai pas de souffle, pas de jus. Il y a du vent, c’est un combat permanent. Je me sens faible et nulle. C’est horrible de ne pas voir défiler les kms et de lutter contre une envie quasi irrépressible d’abondonner. Abondonner… Non je ne peux pas, je ne suis pas comme ça. Aller! Courage! tu vas y arriver! Le temps passe mais les kms ne défilent pas vite. J’arrive presque à la fin, il manque juste 30 kms pour arriver! Ca peut le faire, je suis décomposée, je sens la défaillance arriver! Descente…

Et là… Non, pas à l’aise du tout. Je me crispe sur mon vélo. J’ai peur, je suis tétanisée. Je me rends vite compte que je suis traumatisée par ma chute.J’ai une crampe dans la cuisse droite tellement je suis raide.

 

Cette descente est un véritable calvaire à la fois physique et moral. Je me sens craquer, je ne vais pas réussir à rentrer. Je tiens encore 15 kms, et je m’arrête finalement à 15kms de la maison. J’en peux plus, je suis rinçée. Je me sens mourir tellement je suis vidée.

 

Je m’allonge par terre à coté de mon vélo, et pas le choix, continuer ne serait pas raisonnable. J’appelle ma mère, qu’elle vienne me chercher. Je fais une nouvelle grosse hypoglycémie. Elle arrive au bout de 20 min, avec des bananes, merci les glucides pour se refaire la santé. J’ai du mal à m’en remettre, mais en fin d’après-midi ça va mieux. Ma conclusion du jour: le cyclisme c’est dur! Très dur. Bilan 103 kms en 4h52.

21/05/2017: Je me sens bien mieux, j’ai pu me remettre de la chute et de ma défaillance magistrale. Je suis une personne têtue et déterminée. C’est nouveau pour moi, je ne savais pas que j’étais ce type de personne. Mais c’est une excellente chose dans le cadre d’une activité physique régulière. Alors je vous laisse deviner ce que j’ai fait ce jour-là. Et oui! J’ai refait mon tour de 116 kms! Et j’ai réussi! Cette fois c’était nettement mieux! Des sensations géniales, et une très belle journée. Pas d’angoisses dans la fameuse descente! Ouf je suis rassurée! C’est revenu! Quand on passe par des moments de doute comme ça, c’est très difficile parfois. Bilan 116 kms en 4h57.

 

Ce qui est vraiment bien avec la pratique régulière du vélo c’est la vitesse de progression. Et lorsqu’on commence à s’améliorer, on veut faire plus, c’est normal.

Du coup, l’intérêt pour l’entrainement qualitatif et ciblé apparait rapidement. Et en s’informant un peu sur internet, soit avec des articles soit avec des vidéos, on peut se faire des plans d’entrainements intéressants et en fonction de notre niveau. Alors changement dans mon programme d’entrainement, je vais essayer de faire 4 sorties par semaine. 1 endurance, 2 fractionnées et 1 plaisir. Le fractionné c’est très dur, mais vraiment très efficace pour améliorer ses capacités. C’est très impressionnant. J’ai fait de grands progrès grâce à cette technique. 2 parcours identiques à 3 semaines d’intervalles. Il s’agit d’une sortie endurance sur 89kms pour 1434m de D+. La première fois que j’ai effectué ce parcours, j’ai beaucoup souffert, c’était dur. J’ai mis 4h24. Après 3 semaines de fractionné, j’ai mis sur ce même parcours 3h59. C’est très impressionnant. Avec des sensations géniales, de la facilité accrue lors des ascensions et une aisance évidente sur la totalité de la sortie! Je suis ravie!

Sur cette dynamique je décide de partir faire les meilleurs temps sur ma fameuse sortie test de l’an dernier. 17 kms. Je me sens très en forme! Aller c’est parti! Ancien meilleur temps: 57 minutes l’an dernier! Et cette année? 17kms en 37 minutes et 04 secondes pour être exacte. Une moyenne à 28km/h! Oh je suis en pleine forme!! C’est merveilleux ce sentiment! J’adore cette sensation! Et j’ai réussi à gagner les QOM des deux montées avant de rentrer à la maison. Je me sens invincible! Portée par une forme extra et un mental hallucinant!

 

Samedi 03/06/2017: Il fait un temps parfait. Soleil et peu de vent.

Je me suis levée tôt comme à mon habitude. Petit rituel, un thé vert parfumé aux agrumes, des flocons d’avoine en porridge avec des amandes et du cacao non sucré – pour le magnésium hein ! – et de l’eau. 8h30 c’est le moment de partir. Il fait déjà bon dehors. Descente rapide jusqu’à la ville, comme c’est agréable de ne plus souffrir dans les côtes. Sur un excellent rythme je continue ma promenade. Je dois y aller doucement, demain j’ai envie de tenter ma première cyclo. Je décide de suivre une partie de l’itinéraire du tour de France 2017 qui passera le mois prochain. Les routes sont belles et agréables. Je tourne en direction de la région des lacs. J’aime cet endroit. Il me transporte et m’émerveille chaque fois un peu plus! Je souris. Je me sens bien. La longue ascension se fait à une vitesse élevée sans que j’ai besoin de forcer et de me battre. Quelle sérénité. Tout est parfait, je suis ailleurs et je veux rester comme ça aussi longtemps que possible! Que j’aime ce sport.

 

Dimanche 04/06/2017: Le réveil sonne à 5h. Je regarde par la fenêtre. Il pleut… Zut! Que faire? Je voudrais bien rouler en groupe pour une fois, je suis toujours seule. C’est bien de s’entraîner seule aussi. On fait comme on veut, mais parfois c’est long . Et il y a des règles dans un peloton, des règles que je ne connais pas. Après quelques minutes d’hésitation je me lève pour aller déjeuner. Il pleut toujours autant. L’heure du départ approche. Rendez-vous là-bas à 8h pour un départ à 8h30.

Ma première cyclo, la ronde des sapins

Ma première cyclo, la ronde des sapins

Je dois partir à 7h de la maison. Il est 6h45… Bon j’y vais! C’est que de l’eau! Vélo chargé, affaires prêtes, ravito ok! C’est parti! Arrivée. Il y a du brouillard en veux-tu en voilà… Il fait froid même. Il n’y a personne encore. Je vais m’inscrire. C’est ma première fois, je suis toute timide et je ne sais pas trop quoi faire. Je regarde les 2 parcours proposés: 50 kms et 100 kms. Je vais choisir le 100 kms. J’en ai déjà fait plusieurs, ça va aller. D+ 1700m annoncé. C’est plus qu’à mon habitude, mais tant pis. C’est un bon exercice et je ne serais pas seule cette fois. 8h20: Il n’y a toujours pas grand monde… Je commence à m’inquiéter. 8h30 c’est l’heure du départ groupé. On est 9. Je suis la seule fille. On commence tranquillement en groupe sur environ 15 kms. Mais je n’ai pas assez de puissance, les mecs sont trop forts pour moi…

Je me fais décrocher. Je passe donc les 80 kms suivants toute seule.

Il ne pleut plus mais il fait froid et il y a du vent. C’est finalement comme d’habitude, je fais mon endurance en solo. Tant pis, je suis un peu déçue mais bon. Une montée… Aller go! Il faut boucler ce parcours! J’entends parler plus haut dans la montée. Ah! Sont-ils là? Non ils vont trop vite, c’est pas possible. Virage à droite et j’aperçois un des mecs! Waouh! Super! J’appuie plus fort sur les pédales et je le rattrape facilement! Il monte doucement et ce n’est pas mon rythme. Je le laisse derrière moi. Désolée. 1er ravito après une longue descente. Ils sont tous là! Génial! Je mange un petit quelque chose mais c’est le moment de repartir déjà. Les hommes roulent vite, je suis de nouveau à la traîne! Une grosse montée pour commencer! Ca grimpe dur là! Les pourcentages font mal aux jambes! Je rattrape un mec dans la montée! Ah je suis contente! On fait quelques kms ensemble puis il s’envole une fois sur le plat! C’est clairement mon point faible… Je vais devoir bosser ça. 2 ème ravito: les gars sont là. Je m’arrête aussi un petit coup. On repart tous ensemble, mais même scénario… Je finis seule la cyclo 5 minutes après eux. C’était bien mais du coup j’ai pas pu rouler en groupe. Il est plus de 13h. Je vais rentrer chez moi. 4h24 pour 103kms et 1555m de D+ selon Strava. C’était une bonne journée.

La ronde des Sapins, ma première cyclo !

La ronde des Sapins, ma première cyclo !

Et voilà! Ce qui devait arriver, arriva! Je suis malade! J’ai une sorte de bronchite. Je tousse beaucoup et j’ai de la fièvre. Je suis fatiguée, je n’ai plus d’énergie. Je ne fais pas de vélo pendant 4 jours. C’est trop dur. Je n’ai pas de souffle.

08/06/2017: Il fait beau ce matin. Je vais essayer d’aller rouler un coup. L’effort est pénible. Je ne suis pas encore remise. Mais comme à mon habitude je ne m’arrête pas pour autant! 85 kms. C’était long. C’était dur! Je suis vidée…

 

Le mental. C’est une chose primordiale dans ce sport. La vie ne se résumant pas qu’à faire du sport, il y a des moments où on perd notre force. Lorsque toutes nos pensées sont dirigées vers autre chose. Une chose qui nous a blessé et qui fait mal. Cette période coïncide avec une déception amoureuse qui m’a achevé. Refaire du vélo était pénible. Se battre contre le vent juste impossible.

 

Je suis célibataire et super cool et SEXY !!!

Je suis célibataire, super cool et SEXY !!!

 

Chaque montée semblait interminable et le plaisir avait disparu de ma tête. Comment peut-on passer d’une forme aussi bonne à plus rien du tout en une seule nuit? C’est fou quand même! J’ai persévéré encore pourtant. Je suis une battante! Mais après une nouvelle sortie de 100 kms, j’arrête! Je n’y arrive plus, et je ne veux pas me dégoûter non plus. Peut-être qu’une pause me ferait du bien. Et puis la pause se transforme en semaines… Merci la déprime! 3 semaines sans vélo… C’est beaucoup, beaucoup trop. Je sais que j’ai perdu mon niveau physique si durement acquis. J’ai repris du poids aussi… Il faut que je m’y remette! Te laisse pas aller! Ca ne vaut pas le coup! Reste forte! Tu peux!! Je reprends mon régime alimentaire équilibré et ressort mon vélo.

10/07/2017: Petit tour rapide autour de la maison pour commencer. C’est vraiment dur! Je souffle comme c’est pas permis et tout est à refaire! Je me sens bête d’avoir attendu autant de temps avant de reprendre! Mais c’est trop tard.

J’effectue plusieurs sorties sans prétention pour regagner en plaisir. Le plaisir, c’est le plus important. C’est pour ça que j’ai commencé le cyclisme à la base. Tout est à refaire, mais je vais y arriver! Je le sens! Je n’ai pas le choix de toute façon! Je reprends confiance en moi petit à petit et reperds du poids. Ouf! Je me sens soulagée! C’est bien! Il faut poursuivre. Je reste sur des sorties pour le plaisir et la promenade quand même. Je ne suis pas prête à reprendre le fractionné. J’arrive à refaire mes sorties de 100 kms. Je suis contente, ça va, ça va 🙂

 

30/08/2017: EPIC DAY! Aujourd’hui c’est mon jour challenge en préparation de l’Alpe d’Huez! 125kms pour 2200m de D+ annoncé sur STRAVA.

Ca va être long mais je vais y arriver! 2 cols au programme: Le col de la Joux au km 50 et le col de la Savine au km 96. Il fait déjà chaud! Je démarre rapidement! Je suis dans une bonne dynamique! J’avale les kms presque comme en Juin, je suis heureuse! La journée sera grandiose! Arrivée au pied du col de la Joux. Je connais cette ascension, j’y suis allée il y a deux jours seulement! Je veux faire mieux! Aller c’est parti! On monte! 25 minutes au lieu de 27! Haha! Cool!! Je me sens super bien!

J’adore.

Descente rapide, puis outch!!! Olala le vent!!! De grosses bourrasques me heurtent faisant vasciller mon vélo sous mes mains.

Bon… C’est comme ça! En piste! La journée n’est pas finie, c’est la mi-parcours! Je continue mon périple. Je sais que je dois tourner à gauche à un moment. Tiens une pancarte qui me dit quelque chose, mais pas déjà? Si? Pas sûre, je continue un peu. Et zut! Je me suis plantée! C’était bien en haut qu’il fallait tourner. Je vois une petite route sur la gauche. Je vais couper par là, ça m’évitera de tout remonter. Mais c’est quoi cette route!!

Des passages à 15%!!

Je mets pied à terre! Non!!

Le drame!

C’est un cul de sac en plus!

Je dois faire demi-tour et remonter en direction de la pancarte de tout à l’heure! Il est 12h30. Le soleil m’écrase de sa chaleur! Il n’y a plus de vent du tout! Je sue à grosses gouttes et je n’aperçois pas la fin de la montée! C’est très long. Je m’arrête quelques minutes à l’ombre avant de repartir. Ca y est j’y suis! Ouf! Un peu de montée avant une grande descente! Je me rafraichis grâce à la vitesse, le paysage est magnifique. C’est la vallée qui va sur Saint Claude. Verdoyante et dense, sauvage sur des kms. Je m’arrête pour contempler cette nature majestueuse que j’aime tant. Il n’y a aucun bruit. Le silence qui règne me rempli de calme et de sérénité. Il faut repartir pourtant, la journée n’est pas encore finie. J’arrive en bas de la descente. Une partie plate cette fois-ci puis une nouvelle montée. Longue et chaude! Le soleil est toujours là!

Un cycliste me rattrape.

On se regarde un instant et sans dire un mot on tombe d’accord: Quelle idée de faire un tel sport par ces chaleurs…

Mon compteur affiche 31°C! Et sans vent, jamais là quand on veut celui-là j’te jure… J’arrive enfin au pied du col de la Savine! Il n’est pas difficile.

Mais avec 4h de selle et presque 100 kms déjà… Je ne sais pas trop comment ça va aller. C’est dur, je suis claquée!

 

J’arrive finalement en haut après 2 pauses lors de l’ascension! Je regarde mon téléphone. Un sms de maman… Que faire? Je suis au bout, mais je n’ai pas fini mon challenge. Il reste encore une trentaine de kms avant de rentrer. Est-ce que je vais réussir? Encore 2 difficultés aussi. Deux cotes de 1,4 kms à 7%… Je sais pas trop. Les doutes qui s’emparent de moi encore… J’en ai marre de ceux-là! NON! Je suis plus forte que ça! Arrêtez de me briser! Ca suffit là! Je remonte sur mon vélo! Je vais finir cette étape! Ce n’est pas négociable! Cette nouvelle motivation me fait grand bien! Les nuages sont arrivés et l’air s’est rafraichi. J’avance en souriant! J’ai comme une nouvelle énergie! Les 100kms dans les jambes se sont comme envolés 🙂

La dernière difficulté est quand même dure mais ça passe. C’est plat. J’attrape mon téléphone et mets un peu de musique. Je me sens tellement bien! Si fière! J’ai réussi cette fois! La route, mon vélo et mon sourire! Tout est parfait! Voilà comment doit finir une journée de cyclisme réussie. J’aime cet instant. Il me semble hors du temps! Une citation de livre me vient soudain à l’esprit sur la route: “J’ai appris que l’essentiel dans la vie, ce n’est non pas d’être fort, mais de se sentir fort . Et le but c’est pas d’allez le plus loin mais c’est le chemin pour y arriver.” Et c’est exactement ce que je viens de vivre! Merci le cyclisme.

 

08/09/2017. J-1 de l’ascension de l’Alpe d’Huez!

 

Cette date est posée depuis le mois de mars. J’attends ce jour depuis 2 ans. Cela fait maintenant 18 mois que j’ai entrepris ma transformation. J’en suis à presque moins 40kgs. Je me suis préparée, même s’il y a eu des moments difficiles, des moments de doutes et de découragement. Malgrè tout ça j’ai persévéré. Je suis prête! Cette ascension est importante pour moi. Bien plus qu’une montagne, elle représente tout ce que je ne pouvais pas faire avant. Trop grosse, trop faible et pas assez sûre de moi. Cette personne que j’étais, qui ne vivais pas, qui n’étais pas heureuse. Cette ascension c’est l’histoire d’une naissance. La mienne. Celle de la personne que je veux être, de celle que je suis. L’échec n’est pas une option!

8h30: On frappe à la porte. C’est ma maman. Elle n’apporte pas de bonnes nouvelles… Demain il pleut là-bas… Je suis déçue. Aujourd’hui il fait beau. Après réflexion je décide à 9h00 de partir seule sur un coup de tête. On devait y aller ensemble. Mais elle travaille aujourd’hui et je dois le faire! C’est pas possible autrement. Je prépare mes affaires à l’arrache, prends le nom des autoroutes sur un papier et pars!

15h00: J’arrive à La Rochetaillée. Ca y est c’est le moment! Je suis tendue. Je me prépare. Tout ira bien, il n’y a pas de raison!

Pas de pression, le but c’est d’arriver en haut, pas de performer, je n’ai pas ma forme de Juin! Je monte sur mon vélo, allume mon compteur, clipse les pédales et démarre. Ma tension se transforme en excitation. Je pose mes roues sur une route mythique foulée par les si grands noms du cyclisme. La vue spectaculaire des montagnes qui se dressent partout autour de moi m’impressionne. Il me faut une vingtaine de minutes pour arriver au Bourg d’Oisans. Le temps de chauffer les jambes. Je tourne sur la gauche et j’aperçois au loin un décors familier. Enfin quand je dis familier, je veux dire que je l’ai vu de nombreuses fois en vidéo. Km 0! C’est parti! L’heure n’est plus aux questions ni aux doutes! Il faut monter!

En guise d’entrée, une magnifique rampe à 10%! Bon je le savais très bien, mais la voir en vrai c’est tout autre chose! On ne se laisse pas impressionner! Go, Go, Go!! Premier virage à droite! Plus que 20…

 

Le paysage est superbe! On en oublie la pente tellement c’est beau. Grand soleil et chaleur, 24°C sur le compteur. Quelques relances en danseuse et hop 2ème virage!! Encore 10% mais franchement ça va. La vue porte littéralement l’esprit sur tout autre chose que la difficulté du parcours. Et c’est une chance. Les virages défilent assez vite à mon goût. La Garde en Oisans est en vue! Je suis contente. Il y a un léger souffle de vent qui vient rafraichir ma peau. Je respire le bon air, je souris parce que je suis heureuse d’être là. Je regarde furtivement sur la gauche le panneau: Huez 6kms, Alpe 10kms… Bon on est pas en haut mon vélo! Aller c’est reparti. Ca grimpe toujours!

Chaque virage est plat. Mais la rampe qui précède et celle qui suit sont drôlement pentues par contre! C’est assez grisant. J’ai des images du Tour de France qui me viennent! Quel spectacle! Certains passages commencent à être difficiles. J’ai le souffle court. Boire ou respirer il va falloir choisir… Est-ce que je m’arrête un coup? Juste pour prendre une photo… NON! Aller courage! Tu peux! Tu es capable! Incroyable la force du mental et de la volonté parfois. En trois coups de pédales je suis à Huez! Bon là par contre j’ai vraiment chaud et je commence à fatiguer. Je regarde partout autour de moi, le soleil, les montagnes, l’instant, magique, puis je lève les yeux et j’aperçois des chalets loins, haut, vraiment très haut… Euh… C’est quand même pas tout en haut qu’il faut aller…? Si?!? Outch! Mais bon tu l’as voulu! Alors tu y vas!! Cette  deuxième partie d’ascension est particulière. C’est difficile et merveilleux à la fois. J’ai l’impression d’être une autre personne. Ca y est je vois les fameux chalets de tout à l’heure! Youpi. Photo souvenir collector!

Devant le grimpeur de l'Alpe !

Devant le grimpeur de l’Alpe !

Puis virage à gauche et là! Oulala… C’est loin le prochain virage, ça va être dur! Et c’est dur! Un tour de pédale à la fois j’arrive au virage suivant. Le paysage est magistral. Le soleil est bas cette fois-ci. Tout est teinté d’or. Le ciel est d’un bleu profond et je n’entends que mon souffle régulier et le rythme de mon pédalier. Petit passage en danseuse pour attaquer la rampe. Je vois Mike Cotty le faire dans sa vidéo! Ca semble si facile. A coup sûr je suis bien moins aérienne! Mais je le serai l’année prochaine! Nouvelle promesse! Je ris et je souris en arrivant presque en haut! C’est plat! Ouf! Que ça fait du bien! Bonjour au petit gugus gonflable! Mais l’itinéraire du Tour de France c’est encore 2 kms. Maintenant qu’on est là, autant aller au bout! Ces deux derniers kilomètres sont libérateurs! En remontant vers l’arrivée officielle il y a des cyclistes. Tout un groupe! Ils m’applaudissent! C’est exceptionnel! J’arrête le compteur, déclipse ma chaussure et je me retourne. Et là! Waouh! Quelle vue! J’appelle ma Maman.

J’en reviens pas! Je marche un peu pour détendre mes jambes. Soudain j’ai envie de pleurer! C’est une émotion particulière. Entre la joie immense et intense et une grande tristesse.

 

Je suis toute seule. J’ai réussi mais j’aurais voulu partager ce moment avec quelqu’un en vrai. Je me dis aussi, voilà c’est fait! Sentiment d’accomplissement, une persévérance et une détermination impressionnante. Peut-être que je me sens aussi soulagée. Durant l’ascension j’ai laissé mon ancienne moi, c’est clair. Je ne veux plus d’elle! Mais j’ai l’impression d’en avoir trouvé une autre que je ne connais pas encore. Peut-être moi. Elle me plaît. J’ai réussi! J’ai réussi! J’ai réussi! Mon cœur est rempli d’émotions intenses et belles! Et même si je suis seule aujourd’hui, cette victoire est la mienne! C’était tellement important à mes yeux. C’était devenu vital voir viscéral. Comment tomber amoureuse du cyclisme encore et toujours? En faisant quelque chose de grand et de beau pour soi-même, et en savourant chaque centimètre de route, même les plus difficiles. C’était une magnifique journée! Très très belle! Breathe More Life… Oui je le mérite et j’adhère! Descente prudente encore pleine d’émotions, entre rires et larmes. C’est fini pour aujourd’hui. C’était incroyable et magistral.

A bientôt mon Alpe d’Huez! En meilleure forme, je te promets.

 

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